Dans les articles phares du CRBLM, nous soulignons le travail actuel et en cours de nos membres sur divers sujets. Les publications “Connexions recherche / applications concrètes” se concentrent sur un seul article publié, donnant un très court résumé et mettant en évidence des applications potentielles à des questions de politique réelles.
Connexions recherche / applications concrètes : Apprendre à lire, trouble du spectre autistique et hyperlexie
Article de blog par Mehrgol Tiv
Traduction par Audrey Delcenserie
Référence: Macdonald, D., Luk, G. et Quintin, E.M. (2021). Early word reading and preschoolers with ASD, both with and without hyperlexia, compared to typically developing preschoolers.Journal of Autism and Developmental Disorders, 51, 1598-1612.https://doi.org/10.1007/s10803-020-04628-8
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Pour plusieurs, apprendre à lire ouvre un monde infini de possibilités. Mais comment les enfants acquièrent-ils cette compétence – en particulier ceux qui ont un trouble du développement ? Des chercheurs de l’Université McGill et du Centre de recherche sur le cerveau, le langage et la musique ont découvert que certains enfants atteints d’un trouble du spectre de l’autisme font preuve d’aptitudes exceptionnelles en matière de lecture de mots au début de leur vie en utilisant un processus de lecture différent de celui des enfants neurotypiques.
Des études antérieures menées auprès d’enfants neurotypiques ont démontré que la lecture d’une langue alphabétique implique généralement plusieurs processus sous-jacents, dont beaucoup sont basés sur la manipulation des sons et des syllabes dans les mots parlés. Dans la lecture des mots anglais, ces processus comprennent la capacité de décomposer les mots en syllabes (par exemple, SCI – ence) ou en sons individuels (par exemple, s – i – en -s). Lorsque les enfants sont exposés à l’écrit, ces processus sous-jacents comprennent également la compréhension du fait que les lettres correspondent à des sons (par exemple, « A » se prononce comme ah ou aye). Bien que certains enfants atteints d’un trouble du spectre de l’autisme puissent avoir des difficultés à manipuler les sons et les syllabes ou à connaître le son qui correspond à une lettre, ils peuvent néanmoins être exceptionnellement doués pour lire des mots avant l’âge de cinq ans, une condition appelée hyperlexie. Cela soulève la question de savoir si les enfants atteints d’un trouble du spectre de l’autisme et d’hyperlexie s’appuient sur des processus autres que le décodage des sons et des syllabes individuels pour lire des mots.
Les auteurs ont constaté que les enfants atteints d’un trouble du spectre de l’autisme et d’hyperlexie présentaient des compétences supérieures en matière de lecture de mots anglais et de dénomination des lettres par rapport à un groupe d’enfants neurotypiques ainsi qu’à un groupe d’enfants atteints d’un trouble du spectre de l’autisme mais sans hyperlexie. Cependant, la conscience des sons, la conscience des sons et des lettres ainsi que la compréhension de lecture des enfants atteints d’hyperlexie n’étaient pas à la hauteur de leur capacité de lecture. Ensemble, ces résultats indiquent que les enfants atteints d’un trouble du spectre de l’autisme et d’hyperlexie peuvent présenter de solides aptitudes à la lecture à un très jeune âge, mais qu’ils ne parviennent pas à ces aptitudes en décodant les sons, comme le font les enfants neurotypiques. Les auteurs suggèrent plutôt que ces enfants pourraient utiliser un processus alternatif pour la lecture précoce, tel que la détection de modèles basés sur des règles linguistiques régulières et prévisibles, à la place du décodage des sons.
Ces résultats ont des répercussions importantes sur la façon dont les éducateurs, les décideurs, les chercheurs et les groupes de défense des droits abordent l’alphabétisation des enfants. Dans toutes les classes, le décodage des sons et l’accent mis sur la manipulation des sons et des syllabes dans les mots parlés ou l’apprentissage des associations son-lettre ont été au centre des programmes d’intervention éducative et d’apprentissage précoce. En fait, cette approche basée sur le son a été la meilleure pratique recommandée pour les enfants neurotypiques, comme le préconisent les organismes d’éducation locaux et fédéraux, comme le département de l’Éducation des États-Unis. Toutefois, cette étude suggère qu’une approche de la lecture basée sur le son peut ne pas s’appliquer à tous les enfants, en particulier à ce sous-groupe spécifique d’enfants neurodivers, dont la force en lecture de mots peut ne pas dépendre du décodage de sons individuels. Dans ce cas, les auteurs suggèrent que l’adhésion à une stratégie basée sur le son peut ne pas répondre aux besoins sous-jacents réels des enfants atteints de troubles du spectre autistique et d’hyperlexie, ce qui renforce leur compréhension de la lecture au-delà de la lecture de mots.
Il est donc important que les éducateurs, les décideurs et les chercheurs évitent d’appliquer une approche unique à la lecture et qu’ils se joignent aux groupes de défense et aux groupes communautaires pour partager ces informations sur les meilleures pratiques. Cela permettra d’adopter des approches plus équitables et plus adaptées à l’enseignement et à l’intervention en matière de lecture et, espérons-le, de mieux répondre aux besoins individuels des enfants d’origines diverses.